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DES ÉQUINOXES.

Imaginons que la terre soit une masse sphcrique, divisée en deux hémisphères par un plan perpendiculaire à l’écliplique, qui joigne les centres de la terre et du soleil, et que le soleil seul agisse sur cette masse en attirant les parties qui la composent ; il est certain que l’action de cet astre sur les deux hémisphères sera parfaitement semblable, en quelque point que la terre se trouve sur l’orbite qu’elle décrit. Ainsi, dans cette hypothèse, l’axe de la terre conserverait toujours une situation constante, c’est-à-dire, demeurerait toujours parallèle à lui-même durant la révolution de la terre autour du soleil. Mais on sait, par les observations, que la terre est un sphéroïde aplati, et la théorie de la gravitation concourt même avec les mesures actuelles à lui donner cette figure. Ainsi, pour changer notre globe en un sphéroïde de cette forme, supposons qu’il soit recouvert d’une espèce d’enveloppe solide dont l’épaisseur aille en augmentant depuis les pôles jusqu’à l’équateur ; il est évident que, tandis que la terre parcourt son orliite, un plan perpendiculaire à l’écliptique qui joindrait les centres de la terre et du soleil, diviserait notre sphéroïde en deux portions, qui seraient à la vérité semblables et égales, mais qui ne seraient point placées de la même manière par rapport à ce plan, excepté lorsque l’axe de la terre se trouverait dans le plan même ; d’où il est aisé de voir que, dans le cas du sphéroïde, l’action du soleil sera différente sur les deux moitiés de la terre, et déjà l’on doit entrevoir que cette inégalité produira dans l’axe terrestre un mouvement de rotation, comme il arrive à une verge dont les deux parties sont poussées avec des forces différentes ou différemment appliquées.

Pour déterminer le mouvement de rotation dont nous venons de parler, Newton suppose que la masse de toute l’enveloppe extérieure du globe soit, pour ainsi dire, resserrée et réduite à un seul anneau très-mince et très-dense, placé dans le plan de l’équateur, et qui environne la terre à peu près comme on voit l’horizon dans nosglobes terrestres. Ensuite, faisant abstraction du globe, il imagine que les particules dont l’anneau est composé, soient une infinité de petites lunes adhérentes entre elles, et qui, entraînées par le mouvement diurne des points de l’équateur, tournent en un jour autour du centre de la terre à la distance de son demi-diamètre. Newton trouve par la théorie de l’attraction que les nœuds de ces petites lunes, c’est-à-dire les points d’intersection de leur orbite, ou, ce qui revient au même, de l’anneau, avec le plan de l’écliptique, devraient rétrograder chaque année d’orient en occident d’environ 45′. Voilà quel serait, selon ce grand géomètre, le mouvement des points équinoxiaux, si l’enveloppe dont nous avons parlé était réduite à un