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SUR LA CAUSE

doit point être comptée, ce me semble, au nombre de ces causes, puisque l’ordre qu’elle suit, s’il n’est pas incertain en lui-même, l’est au moins par rapport à nous qui l’ignorons. J’avoue qu’il y a eu jusqu’à plusieurs auteurs qui ont regarde comme la principale cause des vents, la chaleur produite dans l’air par le soleil, et la raréfaction que cet astre y cause. Mais, en premier lieu, il me semble que les vents qui en sont l’effet ont été expliqués jusqu’ici d’une manière assez vague, et ne peuvent l’être que par des calculs précis qu’on ne saurait faire ; d’ailleurs, si ces auteurs ont attribué les vents généraux à la chaleur produite par Je soleil, c’est, selon toute apparence, parce qu’ils n’ont pas cru pouvoir expliquer autrement le vent d’est continuel qu’on sent sousl’équateur. Or j’espère démontrer, dans cet ouvrage, que le vent d’est dont il s’agit peut être produit par l’attraction seule du soleil et de la lune.

Cependant, pour ne rien laisser à désirer sur le problème proposé, j’ai ajouté à la fin de cette dissertation quelques remarques sur les mouvemens que peut occasioner dans l’air la différente chaleur de ses parties.

À l’égard de l’élasticité de l’air, j’ai fait voir qu’on doit n’y avoir aucun égard, au moins en tant qu’elle peut être augmentée ou diminuée par l’attraction du soleil et de la lune.

Pour ce qui concerne les vents irréguliers qui résultent, soit des vapeurs, soit des nuages, soit de la situation des terres, soit enfin de différentes autres causes entièrement inconnues, je n’en ai fait aucune mention ; l’académie avouant elle-même qu’on ne peut raisonnablement en exiger le calcul.

Dans plusieurs endroits de cette dissertation, j’ai cru pouvoir insérer différentes choses, qui, sans avoir un rapport direct et immédiat à la question proposée par l’Académie, résultent néanmoins de la solution que j’en ai donnée, et peuvent être utiles, soit à la dynamique, soit à l’hydrodynamique, soit à l’analyse même. De ce nombre sont, entre autres, 1o. les remarques sur la figure de la terre, où je démontre plusieurs vérités fort paradoxales sur cette matière ; 2o. l’examen de la cause pour laquelle l’action du soleil et de la lune produit une variation fort peu sensible sur le baromètre, et en même temps quelques réflexions sur la manière dont le savant Daniel Bernoulli a expliqué ce phénomène ; 3o. le principe général par lequel on peut résoudre avec facilité toutes les questions de dynamique et d’hydrodynamique ; 4o. les remarques sur les grandeurs imaginaires, et la méthode singulière exposée pour intégrer certaines équations, comme aussi la solution de quelques problèmes.

Il ne me reste plus qu’à soumettre au jugement de l’académie