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DES VENTS.

ait une figure quelconque, pourvu que cette figure soit peu différente d’un cercle ; 3o, que chaque partie de l’atmosphère ait reçu, au premier instant de son mouvement, une impulsion quelconque ; 4o. qu’on connaisse l’endroit d’où l’astre commence à se mouvoir, et le temps depuis lequel il est en mouvement.

REMARQUE.

Dans tout le cours de cet ouvrage, j’ai toujours supposé que le fluide, ou les fluides, soit homogènes, soit hétérogènes, dont le globe terrestre était imaginé couvert, avaient peu de profondeur par rapport au rayon de la terre, ce qui n’est point contraire à l’expérience, puisque la hauteur moyenne de l’air n’est que d’un petit nombre de lieues, selon l’estimation commune : et que la hauteur moyenne des eaux de l’Océan est réputée d’environ un quart de mille. De plus, cette supposition n’est point contraire à ces mots de la question proposée par l’académie, couverte d’un profond océan ; car quand on supposerait la hauteur moyenne de l’Océan, d’une lieue par exemple, l’Océan, quoique très-profond, aurait encore fort peu de hauteur par rapport au rayon de la terre.

Je n’ai presque point eu d’égard au mouvement de l’air, en tant qu’il peut résulter de la chaleur produite par le soleil. En effet, comme la cause de la chaleur, et la force par laquelle le soleil échauffe l’air, sont entièrement inconnues, soit dans leur principe, soit dans la manière dont elles agissent et dans les effets qu’elles produisent, il m’a paru qu’on n’en pouvait rien déduire qui servît à faire connaître la vitesse et la direction du vent, comme l’académie le demande dans son programme. Je me suis donc borné à déterminer le mouvement de l’air, en tant qu’il provient de la seule force du soleil et de la lune, qui agit sur la mer et sur l’atmosphère en attirant leurs parties ; force que Newton nous a appris à mesurer, quel qu’en soit le principe; et que l’académie semble indiquer comme la principale cause des vents, par ces paroles de son programme : Le mouvement des vents ne serait peut-être déterminé que par ces trois causes ; savoir, le mouvement de la terre, la force de la lune, et l’activité du soleil. Comme ces trois choses suivent un ordre certain, les effets qu’elles produisent doivent aussi subir des changemens dans un ordre semblable. Par ces paroles, il me semble que l’académie regarde l’action de la lune comme influant sur les vents, du moins autant que le soleil, quoique l’action delà lune ne puisse échauffer l’air. De plus, l’académie demanda) les lois du mouvement de l’air en tant qu’il est produit par des causes qui suivent un ordre certain. Or la force du soleil pour échauffer l’air ne