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SUR LA CAUSE

je ne dois pas manquer de répéter, en finissant, que si le concours des causes accidentelles peut occasioner dans les vents une infinité de variations, et altérer même quelquefois l’action du soleil et de la lune jusqu’à la faire me’connaître, l’effet de cette action n’en doit pas moins suivre par lui-même un ordre invariable et constant. Approfondir et calculer cet effet est l’unique but auquel il soit permis d’atteindre pour le présent, et c’est aussi la seule question que j’aie tâché de résoudre.


Cras vel atrâ
Nube polum pater occupato,
Vel sole puro ; non tamen irritum
Quodcumque rétro est efficiet.

ANALYSE DE L’OUVRAGE.

La question proposée par l’académie consistait à déterminer l’ordre et la loi que le vent devait suivre, si la terre était environnée de tous côtés par l’Océan ; en sorte qu’on pût en tout temps prédire la vitesse et la direction du vent pour chaque endroit. Pour répondre à cette question, autant que la nature du sujet m’a paru le permettre, j’ai composé cette dissertation, qui peut se diviser en trois parties.

Analyse de la première partie.

Dans cette première partie, je suppose que la terre est un globe solide dont la surface est parfaitement unie et couverte d’un air fort rare, homogène et sans ressort, qui, dans son premier état, ait une figure sphérique. Je suppose, de plus, que tous les points de ce fluide soient animés par des forces qui soient perpendiculaires à l’axe, et proportionnelles aux distances de ces points à l’axe ; et non-seulement je détermine la figure que le fluide doit prendre en vertu de ces forces, mais je détermine encore les oscillations que doit faire le fluide pour passer de la figure sphérique qu’il avait d’abord, à sa nouvelle figure sphéroïdale : oscillations que personne n’a encore enseigné à calculer[1].

Je résous ensuite le même problème, en supposant que le

  1. Il ne sera peut-elre pas inutile de rapporter ici ce que dit le célèbre Euler sur un sujet qui a quelque rapport avec celui-ci, dans son excellent Traité du flux et reflux de la mer, fait en 1740. Duce sunt res, c/uœ absolutam ac perfectam totius motiîs (Oceani), reddunt summopere difficilem ; quarum altéra physicam spectat, atque in ipsâjîuidorum naturâ consistit, quorum motus difficulter ad calculum revocatur, prœcipuè si quœstio sit de amplissimo Oceano, qui aliis in locis cleuelur, aliis veio deprimatur… Plus bas il ajoute : Quod quidem ad dijficultatem physicam atlinet, res hoc quidem tempore ferè desperata videtur : quanquam enim ab aliquo