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DES VENTS.

fois plus pesant que l’air d’ici bas, une différence de 120 pieds dans la hauteur de l’atmosphère ne doit faire varier le baromètre que d’environ 2 lignes. C’est à peu près la quantité dont on trouve qu’il doit hausser chaque jour sous l’équateur, dans la supposition que le vent d’est y fasse 8 pieds par seconde. Mais comme il y a une infinité de causes accidentelles qui font souvent hausser et baisser le baromètre de beaucoup plus de deux lignes en un jour, il n’est pas surprenant que les balancemens qui peuvent y être excités par l’action du soleil et de la lune, ne soient pas faciles à distinguer ; j’exhorte pourtant les observateurs à s’y rendre attentifs.

Il me semble que le lecteur doit avoir maintenant une idée générale de mon travail sur la question proposée par l’académie de Berlin. Si ce travail laisse encore dans la théorie des vents de l’obscurité et de l’incertitude, c’est au moins avoir fait quelques progrès dans cette matière, que d’avoir donné les vrais principes dont elle dépend ; principes qui, étant combinés avec les expériences, nous conduiront sans doute à des connaissances plus fixes et plus certaines sur l’origine, l’ordre et les causes des vents réguliers.

Cette considération m’a engagé à faire aussi quelques recherches sur le mouvement de l’air renfermé entre une chaîne de montagnes, quoique l’académie de Berlin n’ait pas paru le demander. Je me suis contenté de supposer cette chaîne, ou sur l’équateur, ou sur un parallèle, ou sur un méridien, parce que la nature du sujet et les bornes qui m’étaient prescrites, ne m’ont pas permis de m’engager dans un plus grand détail. Entre plusieurs remarques singulières auxquelles le calcul m’a conduit, j’ai trouvé que l’air, ou en général tout autre fluide, qui, par une cause quelconque, se mouvrait uniformément et horizontalement entre deux plans verticaux et parallèles, ne devrait pas toujours s’accélérer dans les endroits oii son lit viendrait à se rétrécir ; mais que suivant le rapport de sa profondeur, avec l’espace qu’il parcourrait dans une seconde, il devrait tantôt s’abaisser en ces endroits, tantôt s’y élever ; que, dans ce dernier cas, il augmenterait plus sa hauteur en s’élevant qu’il ne perdrait en largeur, et que par conséquent au lieu d’accélérer sa vitesse, il devrait au contraire la ralentir, puisque l’espace par lequel il devrait passer, serait augmenté réellement au lieu d’être diminué.

Tels sont en abrégé les principes et les points fondamentaux de la dissertation suivante. Pour les faire connaître plus à fond, il serait nécessaire d’entrer dans des discussions plus profondes, qui ne pourraient être entendues que des seuls géomètres. Mais