Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, I.djvu/472

Cette page n’a pas encore été corrigée
430
SUR LA CAUSE

l’est ou vers l’ouest, selon que la profondeur de la mer serait plus ou moins grande. Je sais que proche des côtes un tel mouvement doit nécessairement être détruit, et se changer en un mouvement d’oscillation : mais je laisse au lecteur à juger si les courans les plus remarquables, surtout ceux qu’on observe en pleine mer, ne pourraient pas être attribués, au moins en partie, à l’action du soleil et de la lune, et à la différente hauteur des eaux ; et si les oscillations de la pleine mer dans le sens horizontal ne seraient pas l’effet de plusieurs courans contraires.

Il me reste à dire un mot de l’influence que le ressort de l’air peut avoir sur les vents. Comme les différentes couches de l’atmosphère sont capables de dilatation et de compression, et que l’action solaire doit nécessairement en élever certaines parties, tandis que d’autres s’abaissent, il est certain que les différens points d’une même couche seront inégalement pressés, et que cette couche ne conservera pas exactement la même densité ni le même ressort dans toutes ses parties. Mais quand on vient à déterminer la différence des pressions sur les points d’une même couche, on trouve cette différence si petite, que l’effet qui en résulte doit être très-peu considérable. Il est donc permis dans toute cette recherche de regarder chacune des couches de l’air comme non élastique et d’une densité invariable. Aussi les observations du baromètre nous font-elle connaître que le poids des différentes colonnes de l’atmosphère est fort peu altéré par l’action du soleil et de la lune.

On demandera sans doute pourquoi cette action qui élève si fort les eaux de l’Océan, ne produit pas une assez grande variation dans le poids de l’air, pour qu’on s’en aperçoive très-facilement sur le baromètre. Nous pourrions en donner plusieurs raisons, mais la seule différence entre la densité de l’air et celle de l’eau, fournit une explication très-sensible de ce phénomène. Supposons que l’eau s’élève en pleine mer à la hauteur de 60 pieds : qu’on mette à la place de l’eau quelque autre fluide que ce soit, il est certain qu’il devra s’élever à une hauteur à peu près semblable ; car si ce fluide est plus ou moins dense que l’eau de l’Océan, l’action solaire qui attire chacune de ses parlies, produira aussi dans la masse totale une force plus ou moins grande en même proportion ; par conséquent la vitesse et l’élévation des deux fluides devront être les mêmes. Ainsi une colonne d’air homogène, d’une densité égale à celui que nous respirons, s’élèverait à la hauteur de 60 pieds, et sa hauteur varierait de 120 pieds en un jour, savoir 60 pieds en montant, et 60 en descendant. Or le mercure étant] environ onze mille