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SUR LA CAUSE

Cependant, la densité de l’air étant fort petite, on peut aisément s’assurer que, dans le cas présent, la différence de pesanteur des colonnes serait presque nulle ; et comme l’effet qui devrait en résulter pourrait être anéanti par l’adhérence mutuelle des parties de l’air, j’ai cru qu’il ne serait pas inutile de résoudre d’adord le problème sous ce point de vue, c’est-à-dire de regarder chaque particule de l’atmosphère comme un point unique et isolé, en négligeant la différente pesanteur des colonnes. On trouve fort aisément que dans cette supposition il peut y avoir sous l’équateur un vent d’est continuel. Mais ce phénomène si singulier devient une conséquence encore plus immédiate des calculs, lorsqu’on envisage la question avec toutes ses circonstances, et qu’on a égard à l’action mutuelle des particules de l’air. On explique alors avec facilité, par le secours d’une simple formule géométrique, non-seulement le vent d’est de la zone torride, mais encore les vents d’ouest des zones tempérées, et les violens ouragans, qui, selon l’observation des navigateurs, sont fort fréquens entre les tropiques à certaines latitudes.

Au reste, quoique dans cette recherche j’aie supposé l’air homogène, ce qui est le cas le plus simple de la question proposée, cependant le problème est si compliqué, même dans ce cas, qu’il m’a paru difîicile de le résoudre sans le secours du principe général dont j’ai parlé plus haut : de plus, les équations analytiques auxquelles je suis arrivé, paraissent de nature à ne pouvoir être résolues que par des approximations ; mais ces approximations donnent des résultats assez exacts, principalement pour les endroits qui sont, ou proches des pôles, ou peu éloignés de l’équateur.

La détermination de la vitesse du vent devient encore plus embarrassante, lorsqu’on suppose l’atmosphère telle qu’elle est en effet, c’est-à-dire, composée de couches qui se compriment les unes les autres par leurs poids, et dont la densité diminue à mesure qu’elles s’éloignent de la terre. Comme la loi suivant laquelle se fait leur compression est encore inconnue, j’ai cru devoir déterminer les vents dans le cas général oii les densités suivraient une loi quelconque, et j’ai joint à ma solution différentes remarques sur la loi des densités, qui est aujourd’hui le plus généralement admise.

Jusqu’ici j’ai regardé la terre comme un globe entièrement solide, dont la surface serait unie, et immédiatement contiguë à l’atmosphère. Mais l’académie de Berlin demande expressément, par son programme, l’ordre et le cours des vents, dans le cas ou la terre serait couverte d’un profond Océan j et cette