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DES VENTS.

soleil répondrait toujours au même point de l’équateur, ceux qui habitent sous ce grand cercle devraient sentir pendant environ huit heures un vent d’est, et ensuite un vent d’ouest pendant le même temps.

Il faut avouer cependant que comme les oscillations d’un pendule cessent assez promptement, de même aussi ces oscillations de l’air finiraient en fort peu de temps, si le soleil répondait toujours au même endroit de la terre. Mais puisque cet astre change continuellement de situation par rapport aux différens points de notre globe, son action sur chaque particule de l’air doit varier sans cesse, et par conséquent elle doit produire sans cesse du mouvement dans l’air, aussi bien que dans l’Océan. Ainsi pour pouvoir mettre l’action solaire au nombre des causes des vents, il faut nécessairement y joindre le mouvement de la terre : mais il faut aussi remarquer que si le mouvement de la terre influe sur les vents, c’est seulement en ce qu’il change la situation des parties de la terre par rapport au soleil. En effet, ni le mouvement annuel de la terre, ni son mouvement diurne, ne peuvent produire par eux seuls aucun dérangement dans l’atmosphère : car le mouvement annuel est exactement le même dans toutes les parties de la terre, il ne fait que transporter le globe terrestre et l’air qui l’environne, comme si le tout ensemble formait un seul corps solide ; et à l’égard du mouvement diurne, il y a long-temps que toute la masse de l’air a acquis la figure de sphéroïde aplati qu’elle doit avoir en vertu de ce mouvement, et qu’elle a peut-être eu dès son origine.

Il serait assez facile de déterminer les vents occasionés par le mouvement vrai ou apparent du soleil, si, pour y parvenir, il ne s’agissait que de chercher séparément la vitesse et la direction de chaque particule de l’air : car il suffirait alors d’employer les méthodes ordinaires pour trouver le mouvement d’un point qui est animé par une force accélératrice donnée. Mais la force accélératrice qui meut chaque particule de l’air n’est pas la même, que si cette particule était un point libre et unique. En effet, toutes les particules du fluide, considérées comme des points isolés et animés par la seule force attractive du soleil, doivent avoir différentes vitesses suivant la position où elles sont par rapport à cet astre : il faudrait donc, pour que ces parties pussent former une masse continue, que le fluide s’élevât en certains endroits et s’abaissât en d’autres. Mais alors les colonnes les plus pesantes venant à agir sur celles qui le seraient moins, produiraient dans le fluide un nouveau mouvement qui altérerait son mouvement primitif.