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SUR LE MOUVEMENT

ment que la pression des particules se répand également en tout sens, quelle que soit la puissance qui tend à les mouvoir.

Cette propriété générale, constatée par une expérience si simple, est le fondement de tout ce qu’on peut démontrer sur l’équilibre des fluides. Néanmoins, quoiqu’elle soit connue et mise en usage depuis fort long-temps, il est assez surprenant que les lois principales de l’hydrostatique en aient été si obscurément déduites. Parmi une foule d’auteurs, dont la plupart n’ont fait que copier ceux qui les avaient précédés, à peine en trouve-t-on qui expliquent avec quelque clarté pourquoi deux liqueurs sont en équilibre dans un syphon ; pourquoi l’eau contenue dans un vase qui va en s’élargissant de haut en bas, presse le fond de ce vase avec autant de force que si elle était contenue dans un vase cylindrique de même base et de même hauteur, quoique, en soutenant un tel vase, on ne porte que le poids du liquide qui y est contenu ; pourquoi un corps d’une pesanteur égale à celle d’un pareil volume de fluide s’y soutient en quelque endroit qu’on le place, etc. On ne viendra jamais à bout de démontrer exactement ces propositions, que par un calcul net et précis de toutes les forces qui concourent à la production de l’effet qu’on veut examiner, et par la détermination exacte de la force qui en résulte. C’est ce que j’ai tâché de faire d’une manière qui ne laissât dans l’esprit aucune obscurité, en employant pour unique principe la pression égale en tout sens. J’en ai déduit jusqu’à la propriété si connue des fluides, de se disposer de manière que leur surface soit de niveau, propriété qui n’a peut-être pas été trop bien prouvée jusqu’ici.

Au reste, quoique l’exposition et le développement des lois connues de l’équilibre des fluides soit l’objet principal de la première partie de cet ouvrage, néanmoins je me suis aussi proposé de la rendre intéressante pour les savans, soit en y traitant des matières qui ne l’avaient point encore été, comme l’équilibre des fluides dont les parties sont adhérentes entre elles, soit en approfondissant celles qui m’ont paru le mériter davantage, comme l’équilibre des fluides élastiques ; soit enfin en proposant quelques conjectures sur différens problèmes d’hydrostatique, dont la solution pourra donner lieu aux recherches des géomètres.

Les principes généraux de l’équilibre des fluides étant connus, il s’agit à présent d’examiner l’usage que nous en devons faire, pour trouver les lois de leur mouvement dans les vases qui les contiennent.

La méthode générale dont nous nous sommes servis dans