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DE L’ÉQUILIBRE.

géométrie seule ne peut rien nous apprendre, et c’est aussi ce qu’on peut regarder comme le premier problème qui appartienne immédiatement à la mécanique.

On voit d’abord fort clairement qu’un corps ne peut se donner le mouvemeat à lui-même. Il ne peut donc être tiré du repos que par l’action de quelque cause étrangère. Mais contiriue-t-il à se mouvoir de lui-même, ou a-t-il besoin, pour se mouvoir, de l’action répétée de la cause ? Quelque parti qu’on pût prendre là-dessus, il sera toujours incontestable que l’existence du mouvement étant une fois supposée sans aucune autre hypothèse particulière, la loi la plus simple qu’un mobile puisse observer dans son mouvement, est la loi d’uniformité, et c’est par conséquent celle qu’il doit suivre, comme on le verra plus au long dans le premier chapitre de ce traité. Le mouvement est donc uniforme par sa nature : j’avoue que les preuves qu’on a données jusqu’à présent de ce principe ne sont peut-être pas fort convaincantes : on verra dans mon ouvrage les difficultés qu’on peut y opposer, et le chemin que j’ai pris pour m’engager à les résoudre. Il me semble que cette loi d’uniformité essentielle au mouvement considéré en lui-même, fournit une des meilleures raisons sur lesquelles la mesure du temps par le mouvement uniforme puisse être appuyée. Aussi j’ai cru devoir entrer làdessus dans quelque détail, quoiqu’au fond cette discussion puisse paraître étrangère à la mécanique.

La force d’inertie, c’est-à-dire la propriété qu’ont les corps de persévérer dans leur état de repos ou de mouvement, étant une fois établie, il est clair que le mouvement, qui a besoin d’une cause pour commencer au moins à exister, ne saurait non plus être accéléré ou retardé que par une cause étrangère. Or quelles sont les causes capables de produire ou de changer le mouvement dans les corps ? Nous n’en connaissons jusqu’à présent que de deux sortes : les unes se manifestent à nous en même temps que l’effet qu’elles produisent, ou plutôt dont elles sont l’occasion : ce sont celles qui ont leur source dans l’action sensible et mutuelle des corps, résultante de leur impénétrabilité : elles se réduisent à l’impulsion et à quelques autres actions dérivées de celle-là : toutes les autres causes ne se font connaître que par leur effet, et nous en ignorons entièrement la nature : telle est la cause qui fait tomber les corps pesans vers le centre de la terre, celle qui retient les planètes dans leurs orbites, etc.

Nous verrons bientôt comment on peut déterminer les eflets de l’impulsion, et des causes qui peuvent s’y rapporter ; pour iious en tenir à colles de la seconde espèce, il est clair quç