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DU MONDE.

rien sur la figure de i’équateur de Jupiter, pourquoi la figure de l’équateur de la terre serait-elle altérée par des mouvemens beaucoup moindres ?

Mais en supposant même que tous les méridiens sont à peu près semblables, il reste encore à examiner si ces méridiens ont la figure d’une ellipse. Jusqu’ici la théorie n’a point donné formellement l’exclusion aux autres figures, elle s’est bornée à montrer que la figure elliptique de la terre s’accordait avec les lois de l’hydrostatique ; j’ai trouvé de plus, et je le démontre dans cet ouvrage, qu’il y a une infinité d’autres figures qui s’accordent avec ces lois, surtout si on ne suppose pas la terre entièrement homogène. Proposition qui me paraît importante et digne de quelque attention de la part des géomètres, tant par elle-même que par la méthode que j’ai imaginée pour la démontrer. J’avais déjà donné ailleurs quelque extension à la théorie, même dans l’hypothèse elliptique, en faisant voir qu’il n’estpas toujours nécessaire, comme on l’avait cru jusqu’ici, que les surfaces des différentes couches fussent de niveau’, et j’avais présenté en conséquence l’équation des différentes couches de la terre sous une forme plus générale qu’on ne l’avait fait avant moi ; mais cette équation généralisée n’est plus elle-même qu’un corollaire très-simple de la théorie que je donne aujourd’hui, et dont l’hypothèse elliptique est un cas particulier et très-limité.

J’ai supposé de plus, en regardant, s’il est nécessaire, la terre comme solide, que les méridiens du sphéroïde ne fussent semblables ni par leur figure ni par la densité de leurs parties, que tous les points de la tferre différassent en densité, non pas à la vérité suivant une loi quelconque, mais suivant une loi presque aussi générale qu’on peut le désirer. J’ai cherché dans cette hypothèse l’action qu’un pareil solide exerçait sur ses parties ; problème difficile et important, dont la solution pourrait nous être fort utile, si en effet la terre se trouvait avoir des irrégularités considérables dans sa figure.

Enfin, en supposant que le méridien ne soit pas elliptique, je donne une méthode aussi simple qu’il est possible pour trouver d’une manière approchée sa figure par la mesure de tant de degrés de latitude et de longitude qu’on jugera à propos. Cette méthode peut être d’autant plus nécessaire à pratiquer, que ni la théorie ni les mesures actuelles ne nous forcent à donner à la terre la figure d’un sphéroïde elliptique. Les mesures semblent même nous en éloigner : car les 5 degrés du nord, du Pérou, de France, d’Italie et du Cap ne s’accordent point avec cette iigure ; et les expériences du pendule dans cette même hypothèse, mènent à un résultat différent de celui que présente la