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SUR LE SYSTÈME

terre étant solide, qui nous assurera qu’elle ait conservé aucune re’gularité dans la figure ni dans la distribution de ses parties ? îl serait d’autant plus difficile de le croire, que cette distribution semble pour ainsi dire faite au hasard dans la partie que nous pouvons connaître de l’intérieur et de la surface de la terre. En vain alléguerait-on la circularité apparente de l’ombre de la terre dans les éclipses de lune, les mêmes hauteurs du pôle observées après avoir fait le même chemin sous différens méridiens en partant de la même latitude, les règles de la navigation qui dirigent d’autant plus sûrement un vaisseau, qu’elles sont mieux pratiquées ; toutes ces raisons ne prouvent pas mieux que Téquateur est un cercle, qu’elles ne le prouvent du méridien, qui, comme on le sait, n’en est pas un.

Voilà des raisons en apparence très-fortes pour supposer à la terre une figure irrégulière. Mais n’y aurait-il point d’autres inconvéniens à cette irrégularité ? La rotation uniforme et constante de la terre autour de son axe, ne semble-t-elle pas prouver, comme l’ont déjà remarque quelques philosophes, que ses parties sont à peu près également distribuées autour du centre ? Il est vrai que ce phénomène pourrait absolument avoir lieu dans Fhjpothèse de la dissimilitude des méridiens, et de la densité irrégulière des parties de notre globe ; mais alors l’axe de rotation de la terre ne passerait pas par son centre de figure, et le rapport entre la durée des jours et celle des nuits à chaque latitude, ne serait pas tel que l’observation et le calcul le donnent ; ou si on voulait que l’axe de rotation passât par le centre de la terre, comme les observations semblent le prouver, il faudrait supposer dans les parties du globe un arrangement singulier, dont la symétrie serait beaucoup plus surprenante que la similitude des méridiens ne pourrait l’être, surtout si cette similitude n’était que très-approchée, comme on le suppose dans les opérations astronomiques, et non absolument rigoureuses.

De plus, les phénomènes de la précession des écjuinoxes, si bien d’accord avec l’hypothèse que les méridiens soient semblaîiles, et que l’arrangement des parties de la terre soit régulier, ne semblent-ils pas prouver qu’en effet cette hypothèse est légitime ? ces phénomènes auraient-ils également lieu si les parties extérieures de notre globe étaient disposées sans ordre et sans loi ? car la précession des équinoxes venant uniquement de la non-sphéricité de la terre, ces parties extérieures influeraient beaucoup sur la quantité et la loi de ce mouvement dont elles pourraient alors déranger l’uniformité. Enfin la surface de la terre est flxiide et par conséquent homogène dans sa plus grande partie, la matière solide qui la couvre presque partout ailleurs diffère pou en pe-