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SUR LE SYSTÈME

l’autre, et doivent s’aider mutuellement sur ce point. Les calculs analytiques des raouvemens de la lune ont sans doute été portés à un assez grand degré de précision pour nous convaincre (jue l’attraction newtonienne est en effet la vraie cause des inégalités qu’on observe dans le mouvement de cette planète, ou du moins que si d’autres causes se joignent à celle-là, leur effet est incomparablement moindre, et n’est pas même jusqu’ici constaté par les phénomènes ; mais les calculs analytiques n’ont pas encore été poussés assez loin, et ne le seront peut-être de longtemps assez pour répondre parfaitement aux observations astronomiques. J’en ai dit la raison ailleurs. C’est donc en joignant l’observation à la théorie qu’on peut espérer de perfectionner les tables de la lune. Voyons d’abord ce que la théorie peut nous donner de lumières sur cet objet.

Elle doit, si je ne me trompe, se borner ou du moins s’appliquer principalement à marquer les différences entre les équations que fournit le calcul analytique, et celles qui résultent des tables dont les astronomes font usage. C’est ce que j’avais déjà fait dans la première partie de ces recherches par des tables particulières. Mais ayant depuis trouvé moyen de perfectionner ces mêmes tables, soit en leur donnant à certains égards quelques degrés d’exactitude de plus, soit en rendant leur usage plus facile, plus abrégé et plus commode, j’ai publié séparément au commencement de cette année 1756, mes nouvelles tables de correction, en y joignant un exemple de la manière dont on doit s’en servir, et en invitant les astronomes à les comparer aux observations pour s’assurer si les corrections que je propose doivent être admises. Mes invitations n’ont pas été tout-à-fait infructueuses ; et M. Pingre, associé libre de l’Académie des sciences, m’a appris qu’ayant fait quelquefois usage de ces corrections, il avait trouvé le lieu de la lune à une demi-minute près, et plus exactement que par les tables ordinaires. Je sens qu’une longue suite d’obervations peut seule assurer ou enlever cet avantage à mes tables, et je prie de nouveau les astronomes de vouloir bien donner quelques moraens à cette comparaison qui ne demande qu’un calcul très-court et très-facile.

À la tête de mes nouvelles tables j’avais promis d’expliquer ailleurs, plus au long, les raisons pour lesquelles je les ai rendues à certains égards un peu différentes de celles que j’avais déjà mises au jour.

Il serait, ce me semble, fort à souhaiter que tous les géomètres et les astronomes qui nous ont donné dans ces derniers temps des tables de la lune, eussent ainsi que moi pris la peine de marquer la différence entre leurs tables et celles des Institutions,