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DU MONDE.

rabaisser, ne pourrait-elle pas s’appliquer avec raison ce qu’un écrivain éloquent et philosophe a dit de son siècle, qui à plusieurs éyards ressemblait assez au nôtre ? Nec omnia apud priores meliores, sed nostra quoque œtas quœdam artium et laudis imitamenta posteris tulit.

Maigre tous mes efforts pour remplir avec soin les différens objets que je me suis proposés, je suis bien éloigné de croire les avoir épuisés. Convaincu des diîllcultés et de l’étendue de la maliere, j’ai espéré aller plus loin avec le temps et de nouvelles recherches sur les tables de la lune et la figure de la terre.

Il en est, à ce que je crois, des tables de la lune, et en général de toutes les tables astronomiques, comme des catalogues d’étoiles, qu’il vaut mienx s’appliquer à corriger que de chercher à en publier de nouveaux, la multitude des catalogues et des tables n’étant propre qu’à fatiguer dans l’étude de l’astronomie lorsqu’il est question de les comparer et de découvrir la cause de leurs différences. Ainsi sans prétendre rien diminuer du mérite des différentes tables de la lune, que plusieurs célèbres géomètres ont publiées depuis quelques années, j’ai cru qu’il serait du moins aussi utile de s’appliquer à perfectionner les tables de cette planète dont les astronomes font le plus communément et le plus anciennement usage, comme avait déjà fait Flamsteed sur celles d’Horoxius, les meilleures qu’on eût publiées de son temps. Les tables de la lune, dont on se sert le plus aujourd’hui, sont celles que Halley a construites sur la théorie de Newton, et que Le Monnier a perfectionnées depuis dans ses Institutions astronomiques, soit en augmentant d’une minute le mouvement moyen, soit en perfectionnant ou ajoutant quelques équations. La forme de ces tables est familière aux astronomes qui doivent par cette raison s’en détacher difficilement ; de plus, elles ne demandent qu’un assez petit nombre d’opérations ; enfin la quantité la plus grande d’erreur qui peut en résulter, est bien constatée par le grand nombre d’observations auxquelles on les a comparées jusqu’ici : espèce d’avantage qu’on ne peut se promettre que d’une comparaison longue et assidue. On avait cru long-temps que les premières tables dressées sur la théorie de Newton, ue s’écartaient des observations que de deux minutes ; ce n’a été qu’après plusieurs années qu’on s’est aperçu que l’erreur montait quelquefois à 5′, quoiqu’à la vérité très-rarement.

Il me semble donc que le moyen le plus efficace et le plus prompt de contribuer à la perfection des tables de la lune, c’est de s’attacher à corriger, soit par la théorie, soit par l’observation, les tables des Institutions astronomiques. Je dis soit par la théorie, soit par l’observation ; car elles ont besoin l’une de