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SUR LE SYSTÈME

newtonien, qui est la base de toutes mes recherclies. J’ai exposé ailleurs ce qu’il me semble qu’on doit penser de ce système, des applications qu’on en a faites, et de l’extension plus ou moins grande qu’on lui a donnée. À ces réflexions, auxquelles je renvoie le lecteur, j’ajouterai les suivantes.

Les observations astronomiques démontrent que les planètes se meuvent, ou dans le vide, ou au moins dans un milieu fort rare, ou enfin, comme l’ont prétendu quelques philosophes, dans un milieu fort dense qui ne résiste pas, ce qui serait néanmoins plus difficile à concevoir que l’attraction même ; mais quelque parti qu’on prenne sur la matière du milieu dans lequel les planètes se meuvent, la loi de Kepler démontre au moins qu’elles tendent vers le soleil ; ainsi la gravitation des planètes vers le soleil, quelle qu’en soit la cause, est un fait qu’on doit regarder comme démontré, ou rien ne l’est en physique.

La gravitation des planètes secondaires ou satellites vers leurs planètes principales, est un second fait évident et démontré par les mêmes raisons et par les mêmes faits.

Les preuves de la gravitation des planètes principales’vers leurs satellites ne sont pas en aussi grand nombre, mais elles suffisent cependant pour nous faire reconnaître cette gravitation. Les phénomènes du flux et reflux de la mer, et surtout la théorie de la nutation de l’axe de la terre et de la précession des équinoxes, si bien d’accord avec les observations, prouvent invinciblement que la terre tend vers la lune. Nous n’avons pas de semblables preuves pour les satellites. Mais l’analogie seule ne suffit-elle pas pour nous faire conclure que l’action entre les planètes et leurs satellites est réciproque ? Je n’ignore pas l’abus que l’on peut faire de cette manière de raisonner pour tirer en physique des conclusions trop générales ; mais il me semble, ou qu’il faut absolument renoncer à l’analogie, ou que tout concourt ici pour nous engager à en faire usage.

Si l’action est réciproque entre chaque planète et ses satellites, elle ne paraît pas l’être moins entre les planètes premières. Indépendamment des raisons tirées de l’analogie, qui ant à la vérité moins de force ici que dans le cas précédent, mais qui pourtant en ont encore, il est certain que Saturne éprouve dans son mouvement des variations sensibles, et il est fort vraisemblable que Jupiter est la principale cause de ces variations. Le temps seul, il est vrai, pourra nous éclairer pleinement sur ce point, les géomètres et les astronomes n’ayant encore, ni des observations assez complètes sur les mouvemens de Saturne, ni une théorie assez exacte des dérangemens que Jupiler lui cause. Mais il y abeaucoup d’apparence que Jupiter, qui est sans com-