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SUR LE SYSTÈME

aussi et bien distinguée de celle qui agit dans la direction de ce rayon. Ces deux observations, indépendamment de plusieurs autres qu’on y pourrait ajouter, suffiront à ceux qui entendent et qui ont approfondi ces matières, pour juger que le problème du mouvement de l’apogée n’a point été suffisamment résolu par cet auteur, et que le calcul le plus sévère, le plus épineux et le plus pénible était nécessaire pour décider la question.

Tels sont les principaux objets que j’ai traités dans le premier livre de cet ouvrage, qui a pour objet la théorie de la lune. L’académie de Pétersbourg avait choisi, il y a deux ans, cette théorie pour le sujet du prix qu’elle proposa. Elle insistait surtout dans son programme sur le problème du mouvement de l’apogée ; du reste, cette savante académie observe très-judicieusement que tout ce qu’on peut exiger de la théorie, c’est qu’elle conduise à peu près au même résultat que donnent les observations ; et que d’ailleurs c’est au temps seul à assurer la valeur exacte des équations qu’on trouve par le calcul, ou à faire connaître ce qui manque à cette valeur. Je croyais donc avoir rempli, autant qu’il m’était possible, les principales vues de l’académie de Pétersbourg. Mais quelques raisons particulières m’ayant empêché de concourir, je me suis contenté de remettre ma Théorie de la lune entre les mains du secrétaire de l’Académie des sciences, près de neuf mois[1] avant le jugement de l’académie de Pétersbourg, et long-temps avant qu’aucun ouvrage sur la théorie de la lune eut été mis au jour. Les additions dont j’ai enrichi cette théorie sont désignées avec soin ; c’est une précaution que j’ai cru devoir prendre pour distinguer ce qui était fait, il y a près de trois ans, de ce qui a été fait depuis. Cependant, pour peu qu’on examine ces additions, on verra facilement que ce qui a été publié sur la lune, malgré tout le cas que j’en fais, et qu’on en doit faire, n’a pu m’étre absolument d’aucun secours. En rendant justice, comme je le dois, aux talens et à la sagacité des savans géomètres qui ont traité en même temps que moi cette importante matière, il doit m’étre permis de me conserver aussi la possession de ce qui peut m’appartenir.

Les inégalités qu’on observe dans le mouvement de la terre sont l’objet du premier chapitre du second livre ; elles sont beaucoup moins sensibles que celles de la lune. Ce n’est même que depuis un assez petit nombre d’années qu’on a remarqué ces inégalités. Deux causes peuvent concourir pour les produire ; l’action de la lune sur la terre, et celle des planètes tant supérieures

  1. Le 10 janvier 1752.