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SUR LE SYSTÈME

quement sur la théorie différeront toujours assez peu des tables newtoniennes, dont on a jusqu’ici fait usage, et qui elles-mêmes ne s’écartent que peu des observations. Ce qui suffit pour démontrer que la gravitation de la lune vers le soleil est la principale et peut-être l’unique cause sensible des irrégularités de cette planète, et que si d’autres forces se joignent à celle-là, leur effet, ou inconnu, ou non calculé jusqu’ici, est infiniment moins considérable.

Je ne doute point que par la comparaison des différentes tables que la théorie pourra produire dans la suite, on ne parvienne à connaître plus exactement les mouveraens de la lune. Mais pour mettre les astronomes jîIus à portée de juger de l’exactitude de mes tables, et des corrections qu’il sera à propos de leur faire, j’ai construit des tables à part de toutes les différences qui se trouvent entre les équations de Newton et les miennes, et des équations qui me sont particulières. Ainsi après avoir calculé le lieu de la lune par les tables newtoniennes les plus exactes qui aient été données jusqu’ici, et que je crois être celles des Institutions astronomiques de Le Monnier, et après avoir pris la difîerence du lieu calculé et du lieu observé, on pourra s’assurer aisément et promptement, si en ayant recours aux tables des différences, on approchera davantage des observations.

Pour faciliter l’avancement d’une partie aussi importante de l’astronomie que la théorie de la lune, j’exhorte tous ceux qui ont calculé ou qui calculeront dans la suite des tables de cette planète, soit d’après la théorie, soit d’après les observations, à former de même des tables à part des différences de leurs résultats avec ceux des Institutions astronomiques. Par ce moyen, non-seulement on reconnaîtra bientôt quelles seront les tables que l’on devra préférer aux autres, mais il sera mêmêfacile, avec le secours des observations, de rendre les différences les moindres qu’il sera possible, et de perfectionner ainsi de nouveau ces tables même.

Je n’entrerai point ici sur ces différens objets dans un plus grand détail que je réserve pour mon ouvrage, et d’après lequel mon travail doit être jugé par ceux à qui il appartient d’en connaître. Mais il est un point important dans la théorie de la lune, sur lequel je ne puis me dispenser de m’étendre ici, à cause des discussions géométriques et philosophiques auxquelles il a donné lieu ; c’est le mouvement de l’apogée.

L’apogée de la lune, c’est-à-dire le point ou elle est le plus éloignée de la terre, n’est pas fixe dans le ciel ; il répond successivement à différens degrés du zodiaque, et sa révolution, suivant l’ordre des signes, s’achève dans l’espace d’environ neuf