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DU MONDE.

mieux aux observations. Quelque soin que j’aie apporté dans la construction des miennes, la nature de la matière et diverses réflexions que je n’ai point dissimulées, m’empêchent de rien décider sur le degré de précision qu’elles peuvent avoir ; je crois même que plus on aura approfondi et discuté les différentes équations du mouvement de la lune, plus on sera circonspect à prononcer sur ce sujet.

Il est vrai qu’un géomètre moderne qui a publié depuis peu des tables de la lune, calculées, si on l’en croit, d’après la théorie, assure que ses tables sont infiniment plus exactes qu’aucune de celles qui les ont précédées. Je ne prétends point détruire les prétentions de cet auteur ; mais deux choses sont nécessaires pour les affermir, le détail de ses calculs qu’il n’a pas donné, et une comparaison longue et suivie qu’il ne paraît pas avoir faite des observations avec ses calculs. D’ailleurs, de savans mathématiciens qui ont aussi construit des tables d’après la théorie, qui ont fait entrer dans ces tables beaucoup plus d’élémens que lui, et qui les ont comparés avec quelques observations seulement, ont trouvé plus de 4′ de différence, et peut-être en poussant la comparaison plus loin, en auraient trouvé davantage. C’en est assez, ce me semble, pour nous rendre très-réservés dans nos assertions. La seule chose que je doive remarquer ici, c’est que par la comparaison de nos tables avec celles de Newton, on trouvera dans les nôtres plusieurs équations que les tables de ce grand géomètre ne donnent pas ; qu’il y a presque toujours des différences sensibles entre les équations qui nous sont communes, et que souvent même ces différences sont assez considérables.

Je trouve par exemple l’équation annuelle du moyen mouvement, qui dépend de l’équation du centre du soleil, d’une minute et quelques secondes plus grande ; l’équation annuelle de l’apogée moindre de la moitié, c’est-à-dire d’environ 10′ ; la plus petite variation moindre de près de 3′ ; la plus grande moindre de près de 4′ ; seconde équation du moyen mouvement qui dépend de la distance du soleil à l’apogée de la lune, moindre d’environ 1′ 30″ ; l’équation de l’apogée plus grande d’environ 12′ ; la plus grande équation du centre augmentée d’environ 1′, et la plus petite diminuée d’environ 1′ 30″ ; la variation moyenne diminuée de près de 3′ ; enfin la sixième équation, qui dépend des distances de la lune au soleil, et de l’apogée de la lune à l’apogée du soleil, plus grande d’environ 1′ 30″ ; sans compter quelques autres différences moins considérables, et dont plusieurs montent encore à un assez grand nombre de secondes. De plus, à ces tables ainsi corrigées, j’en ajoute six autres nouvelles, tirées de la théorie, dépendantes