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DE PHILOSOPHIE.

fitant des lumières qu’il en a reçues, il y ajoute encore ; mais on n’en doit pas moins de justice à ceux qui savent le mieux profiter de ces lumières, et les étendre davantage. S’il y a un cas dans lequel la prévention nationale soit permise, ou plutôt dans lequel cette prévention ne puisse avoir lieu, c’est lorsqu’il s’agit de découverles purement géométriques, dont la réalité ni la propriété ne peuvent être contestées, et dont le fruit appartient d’ailleurs à tout l’univers. Ainsi notre nation, que certains savans étrangers, et peut-être même quelques Français semblent prendre à tâche de rabaisser, ne pourrait-elle pas s’appliquer avec raison ce qu’un écrivain éloquent et philosophe a dit de son siècle, qui à plusieurs égards ressemblait assez au nôtre ? Nec omnia opud priores meliora, sed nostra quoque œtas quœdam artium et laudis imitanda posteris tulit.

XVIII. OPTIQUE.

Avant que de passer de l’astronomie à la physique proprement dite, il est deux parties de cette dernière science sur lesquelles les mathématiques ont une influence si considérable, qu’il est nécessaire de les envisager séparément.

La première est l’optique, qui renferme la théorie de la lumière et les lois de la vision. La théorie de la lumière et l’examen de ses propriétés forment un objet presque entièrement mathématique. Sans s’embarrasser si la lumière se propage par ia pression d’un fluide, ou, ce qui paraît plus vraisemblable, par une émission de corpuscules lancés du corps lumineux ; saas discuter les difficultés particulières à chacune de ces hypothèses, difficultés assez considérables pour avoir fait douter au grand Newton si la lumière était un corps, il suffit au philosophe d’observer trois choses, que la lumière se répand en ligne droite ; qu’elle se réfléchit par un angle égal à l’angle d’incidence ; et qu’enfin elle se rompt en passant d’un milieu dans un autre, suivant certaines lois que l’expérience peut aisément découvrir. Ces trois principes serviront à démontrer les lois que suit la lumière dans sa réflexion sur diiTérentes surfaces ; celles de son passage à travers différens milieux ; celles de la différente réfrangibilité des rayons, qui produit la difïérence des couleurs, et d’oii résulte entre autres l’explication rigoureuse et mathématique de l’arc-en-ciel ; phénoniène admirable, dont il est assez étonnant que le philosophe connaisse si bien la cause, en même temps qu’il ignore pourquoi une pierre tombe ; tant l’étude de la nature semble faite pour flatter et pour humilier à la fois la vanité humaine.