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DE PHILOSOPHIE.

icies temps employés à parcourir ces espaces. Qu’un corps qui se meut uniformément fasse 100 toises en 6 minutes, et un autre 25 toises en 2 minutes, les vitesses seront entre elles comme le rapport des espaces, c’est-à-dire comme le rapport de 100 à 25 est au rapport des temps, c’est-à-dire au rapport de 6 à 2 ; ces vitesses seront donc comme 4 à 3, et ainsi du reste.

Cet éclaircissement sur la définition de la vitesse est analogue à celui que nous avons donné plus haut sur la mesure des parallélogrammes par le produit de leur base €t de leur hauteur ; et l’un et l’autre servent à montrer quel soin on doit apporter dans les élémens de mathématiques, pour développer les idées que certaines définitions ne présentent pas avec toute la précision nécessaire.

XVII. ASTRONOMIE.

L’astronomie doit suivre immédiatement la mécanique, comme étant de toutes les parties de la physique la plus certaine. Elle a deux branches, la connaissance des phénomènes célestes, qu’on appelle particulièrement astronomie, et l’explication de ces phénomènes, qu’on nomme astronomie physique.

Si quelque science mérite à tous égards d’être traitée selon la méthodedes inventeurs, oudu moins selon cellequ’ils ont pu suivre, c’est sans doute l’astronomie. Rien n’est peut-être plus satisfaisant pour l’esprit humain, que de voir par quelle suite d’observations, de recherches, de combinaisons et de calculs les hommes sont parvenus à connaître le mouvement de ce globe qu’ils habitent, et celui des autres corps de notre système planétaire. La meilleure manière de traiter les élémens d’astronomie est donc d’y supposer, si on peut parler de la sorte, un astronome tombé des nues, et isolé sur la terre, à qui la nature accorde une assez longue vie pour connaître tout ce que l’observation peut découvrir de phénomènes célestes, et qui ait en même temps les connaissances géométriques nécessaires pour pouvoir tirer de ces phénomènes toutes les connaissances qui en résultent[1]. Cette méthode, outre les avantages qu’elle a par elle-même, peut fournir encore des observations très-philosophiques sur les développemens de l’esprit humain, et sur la manière dont il procède dans ses recherches. Le génie des philosophes, en cela peu

  1. M. Montucla, de l’Académie royale des sciences de Prusse, a donné, dans l’Histoire des Mathématiques qu’il vient de mettre au jour, une excellente esquisse d’un traité d’astronomie, composé suivant le plan que nous proposons ici. Voyez le tome premier de cet ouvrage, p. 145 et suiv.