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DU SYSTÈME FIGURÉ.

tributions très-naturelles. Ou le sujet d’un poëme est sacré, ou il est profane : ou le poëte raconte des choses passées, ou il les rend présentes, en les mettant en action ; ou il donne du corps à des êtres abstraits et intellectuels. La première de ces poésies sera narrative, la seconde, dramatique ; la troisième, parabolique. Le poëme épique, le madrigal, l’épigramme, etc., sont ordinairement de poésie narrative. La tragédie, la comédie, l’opéra, l’églogue, etc., de poésie dramatique ; et les allégories, etc., de poésie parabolique.

POÉSIE.
I. Narrative. II. Dramatique. III. Parabolique.

Nous n’entendons ici par poésie que ce qui est fiction. Comme il peut y avoir versification sans poésie, et poésie sans versification, nous avons cru ne devoir regarder la versification que comme une qualité du style, et la renvoyer à l’art oratoire. En revanche, nous rapporterons l’architecture, la musique, la peinture, la sculpture, la gravure, etc., à la poésie ; car il n’e^t pas moins vrai de dire du peintre qu’il est un poète, que du poëte qu’il est un peintre ; et du sculpteur ou graveur, qu’il est un peintre en relief ou en creux, que du musicien, qu’il est un peintre par les sons. Le poëte, le musicien, le peintre, le sculpteur, le graveur, etc., imitent ou contrefont la nature : mais l’un emploie le discours ; l’autre, les couleurs ; le troisième, le marbre, l’airain, etc., et le dernier l’instrument ou la voix. La musique est théorique ou pratique, instrumentale ou vocale. À l’égard de l’architecte, il n’imite la nature qu’imparfaitement par la symétrie de ses ouvrages. Voyez le discours préliminaire.

La poésie a ses monstres comme la nature ; il faut mettre de ce nombre toutes les productions de l’imagination déréglée, et il peut y avoir de ces productions en tous genres.

Yoilà toute la partie poétique de la connaissance humaine ; ce qu’on en peut rapporter à l’imagination, et la fin de notre distribution généalogique (ou si l’on veut mappemonde) des sciences et des arts, que nous craindrions peut-être d’avoir trop détaillée, s’il n’était de la dernière importance de bien connaître nous-mêmes et d’exposer clairement aux autres l’objet d’une Encyclopédie.