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EXPLICATION

moiseur, tanneur, peaussier, etc. ; au travail et à l’emploi de la laine et de la soie, son tirage, son moulinage, les arts de drapiers, passementiers, galonniers, boutonniers, ouvriers en velours, satins, damas, étoffes brochées, lustrines, etc. ; au travail et à l’emploi de la terre, la poterie de terre, la faïence, la porcelaine, etc. ; au travail et à l’emploi de la pierre, la partie mécanique de l’architecte, du sculpteur, du stuccateur, etc. ; au travail et à l’emploi des bois, la menuiserie, la charpenterie, la marquetterie, la tableterie, etc., et ainsi de toutes les autres matières et de tous les autres arts, qui sont au nombre de plus de deux cent cinquante. On a vu dans le discours préliminaire comment nous nous sommes proposé de traiter de chacun.

Voilà tout l’historique de la connaissance humaine, ce qu’il faut rapporter à la mémoire, et ce qui doit être la matière première du philosophe.

RAISON, d’où PHILOSOPHIE.

La philosophie, ou la portion de la connaissance humaine qu’il faut rapporter à la raison, est très-étendue. Il n’est presque aucun objet aperçu par les sens, dont la réflexion n’ait fait une science. Mais dans la multitude de ces objets, il y en a quelques uns qui se font remarquer par leur importance, quibus abscinditur infinitum, et auxquels on peut rapporter toutes les sciences ; ces chefs sont Dieu, à la connaissance duquel l’homme s’est élevé par la réflexion sur l’histoire naturelle et sur l’histoire sacrée : l’homme, qui est sûr de son existence par conscience ou sens interne ; la nature, dont l’homme a appris l’histoire par l’usage des sens extérieurs. Dieu, l’homme et la nature nous fourniront donc une distribution générale de la philosophie ou de la science (car ces mots sont synonymes) ; et la philosophie, ou science, sera science de Dieu, science de l’homme, et science de la nature.

PHILOSOPHIE ou SCIENCE.

I. Science de Dieu. II. Science de l’homme. III. Science de la nature.

Le progrès naturel de l’esprit humain est de s’élever des individus aux espèces, des espèces aux genres, des genres prochains aux genres éloignés, et de former à chaque pas une science ; ou du moins d’ajouter une branche nouvelle à quelque science déjà formée : ainsi la notion d’une intelligence incréée, infinie, etc., que nous rencontrons dans la nature, et que l’his-