Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, I.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée
98
DISCOURS PRÉLIMINAIRE

j’ai aussi suppléé quelques articles, mais en très-petit nombre, dans les autres parties. Je me suis attaché, dans les articles de mathématiques transcendantes, à donner l’esprit général des méthodes, à indiquer les meilleurs ouvrages où l’on peut trouver sur chaque objet les détails les plus importans, et qui n’étaient point de nature à entrer dans cette Encyclopédie ; à éclaircir ce qui m’a paru n’avoir pas été éclairci suffisamment, ou ne l’avoir point été du tout ; enfin à donner, autant qu’il m’a été possible, dans chaque matière, des principes métaphysiques exacts, c’est-à-dire simples.

Mais ce travail, tout considérable qu’il est, l’est beaucoup moins que celui de Diderot, mon collègue. Il est auteur de la partie de cette Encyclopédie la plus étendue, la plus importante, la plus désirée du public, et, j’ose le dire, la plus difficile à remplir ; c’est la description des arts. Diderot l’a faite sur des mémoires qui lui ont été fournis par des ouvriers ou par des amateurs, ou sur des connaissances qu’il a été puiser lui-même chez les ouvriers, ou enfin sur des métiers qu’il s’est donné la peine de voir, et dont quelquefois il a fait construire des modèles pour les étudier plus à son aise. À ce détail qui est immense, et dont il s’est acquitté avec beaucoup de soin, il en a joint un autre qui ne l’est pas moins, en suppléant dans les différentes parties de l’Encyclopédie un nombre prodigieux d’articles qui manquaient. Il s’est livré à ce travail avec un courage digne des plus beaux siècles de la philosophie, un désintéressement qui honore les lettres, et un zèle digne de la reconnaissance de tous ceux qui les aiment, ou qui les cultivent, et en particulier des personnes qui ont concouru au travail de l’Encyclopédie. On verra par les dififérens volumes de cet ouvrage, combien le nombre d’articles qu’il lui doit est considérable. Parmi ces articles, il y en a de très-étendus, et en grande quantité. Le grand succès de l’article art qu’il avait imprimé séparément quelques mois avant la publication du premier volume, l’a encouragé à donner aux autres tous ses soins ; et je crois pouvoir assurer qu’ils sont dignes d’être comparés à celui-là, quoique dans des genres différens. Il est inutile de répondre ici à la critique injuste de quelques gens du monde, qui, peu accoutumés sans doute à tout ce qui demande la plus légère attention, ont trouvé cet article art trop raisonné et trop métaphysique, comme s’il était possible que cela fût autrement. Tout article qui a pour objet un terme abstrait et général, ne peut être bien traité, sans remonter à des principes philosophiques, toujours un peu difficiles pour ceux qui ne sont pas dans l’usage de réfléchir. Au reste, nous devons avouer ici que nous avons yu avec plaisir un très »