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DISCOURS PRÉLIMINAIRE

lettres de Prusse. Cet illustre académicien avait médité un dictionnaire tel à peu près que le nôtre ; et il nous a généreusement sacrifié la partie considérable qu’il en avait exécuté, et dont nous ne manquerons pas de lui faire honneur. Ce sont encore des recherches, des observations que chaque artiste ou savant, chargé d’une partie de notre dictionnaire, renfermait dans son cabinet, et qu’il a bien voulu publier par cette voie. De ce nombre seront presque tous les articles de grammaire générale et particulière. Nous croyons pouvoir assurer qu’aucun ouvrage connu ne sera ni aussi riche, ni aussi instructif que le nôtre sur les règles et les usages de la langue française, et même sur la nature, l’origine et le philosophique des langues en général. Nous ferons donc part au public, tant sur les sciences que sur les arts libéraux, de plusieurs fonds littéraires dont il n’aurait peut-être jamais eu connaissance.

Mais ce qui ne contribuera guère moins à la perfection de ces deux branches importantes, ce sont les secours obligeans que nous avons reçus de tous côtés : protection de la part des grands, accueil et communication de la part de plusieurs savans, bibliothèques publiques, cabinets particuliers, recueils, portefeuilles, etc., tout nous a été ouvert, et par ceux qui cultivent les lettres et par ceux qui les aiment. Un peu d’adresse et beaucoup de dépense ont procuré ce qu’on n’a pu obtenir de la pure bienveillance, et les récompenses ont presque toujours calmé les inquiétudes réelles ou les alarmes simulées de ceux que nous avions à consulter.

M. Falconet, médecin consultant du roi, et membre de l’Académie royale des belles-lettres, possesseur d’une bibliothèque aussi nombreuse et aussi étendue que ses connaissances, mais dont il fait un usage encore plus estimable, celui d’obliger les savans en la leur communiquant sans réserve, nous a donné à cet égard tous les secours que nous pouvions souhaiter. Cet homme de lettres, citoyen, qui joint à l’érudition la plus variée les qualités d’homme d’esprit et de philosophe, a bien voulu aussi jeter les yeux sur quelques uns de nos articles, et nous donner des conseils et des éclaircissemens utiles.

Nous ne sommes pas moins sensibles aux obligations que nous avons à M. l’abbé Sallier, garde de la bibliothèque du roi : il nous a permis, avec cette honnêteté qui lui est naturelle et qu’animait encore le plaisir de favoriser une grande entreprise, de choisir dans le riche fonds dont il est dépositaire, tout ce qui pouvait répandre de la lumière ou des agrémens sur notre Encyclopédie. On justifie, nous pourrions même dire qu’on honore le choix du prince, quand on sait se prêter ainsi