Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, I.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée
91
DE L’ENCYCLOPÉDIE.

l’on partit, et de faciliter ainsi la recherche de ce qui reste k trouver. On ne cite des faits, on ne compare des expériences, on n’imagine des méthodes, que pour exciter le génie à s’ouvrir des routes ignorées, et à s’avancer à des découvertes nouvelles, en regardant comme le premier pas celui où les grands hommes ont terminé leur course. C’est aussi le but que nous nous sommes proposé, en alliant aux principes des sciences et des arts libéraux l’histoire de leur origine et de leurs progrès successifs ; et si nous l’avons atteint, de bons esprits ne s’occuperont plus à chercher ce qu’on savait avant eux. Il sera facile, dans les productions à venir sur les sciences et sur les arts libéraux, de démêler ce que les inventeurs ont tiré de leur fonds, d’avec ce qu’ils ont emprunté de leurs prédécesseurs : on appréciera les travaux ; et ces hommes avides de réputation et dépourvus de génie, qui publient hardiment de vieux systèmes comme des idées nouvelles, seront bientôt démasqués. Mais, pour parvenir à ces avantages, il a falhi donner à chaque matière une étendue convenable, insister sur l’essentiel, négliger les minuties, et éviter un défaut assez commun, celui de s’appesantir sur ce qui ne demande qu’un mot, de prouver ce qu’on ne conteste point, et de commenter ce qui est clair. Nous n’avons ni épargné ni prodigué les éclaircissemens. On jugera qu’ils étaient nécessaires partout où nous en avons mis, et qii ils auraient été superflus où l’on n’en trouvera pas. Nous nous sommes encore bien gardés d’accumuler les preuves où nous avons cru qu’un seul raisonnement solide suffisait, ne les multipliant que dans les occasions où leur force dépendait de leur nombre et de leur concert.

Les articles qui concernent les élémens des sciences ont été travaillés avec tout le soin possible ; ils sont en effet la base et le fondement des autres. C’est par cette raison que les élémens d’une science ne peuvent être bien faits que par ceux qui ont été fort loin au-delà ; car ils renferment le système des principes généraux qui s’étendent aux différentes parties de la science ; et pour connaître la manière la plus favorable de présenter ces principes, il faut en avoir fait une application très-étendue et très-variée.

Ce sont là toutes les précautions que nous avions à prendre. Voilà les richesses sur lesquelles nous pouvions compter ; mais il nous en est survenu d’autres que notre entreprise doit, pour ainsi dire, à sa bonne fortune. Ce sont des manuscrits qui nous ont été communiqués par des amateurs, ou fournis par des savans, entre lesquels nous nommerons ici M. Formey, secrétaire perpétuel de l’académie royale des sciences et des belles-