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Qui dans ses plus beaux ans de l’épouse d’Enée
Parcourut avec moi les rivages chéris,
Que sa valeur depuis laissa dans Rome libre
De monumens pour les héros !
Maintenant des rives du Tibre
Il vole aux bords du Nil sous les mêmes drapeaux,
Atteint d’une large blessure,
Il reprend sa fidelle armure,
Et court à des périls nouveaux.
Près de lui j’apperçois un enfant du Parnasse,
Élève du Virgile et du Zeuxis français,
Formé par les leçons et d’Homère et du Tasse,
Il cherche dans la guerre un troisième succès :
Oh ! combien son ame jalouse
S’enflamme à l’aspect des guerriers.
Il fuit pour moissonner de dangereux lauriers,
Une jeune et sensible épouse.
Un luth dans une main, et dans l’autre un drapeau,
Il semble méditer un projet magnanime,
Et plein du chantre de Renau
D’un avide regard il dévore Solime.
Ô noms chers au Parnasse, à Bellone, aux amours,
Telamene, Alamon soyez unis toujours ;
Aux combats, dans les jeux, que votre ardeur rivale
Offre un illustre exemple au lointain avenir,
Et de Nisus et d’Euriale,
Retracez l’heureux souvenir.