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Comme au tronc d’un chêne robuste
Enlaçant ses bras tortueux,
S’élève en rampant un arbuste,
Qui l’enveloppe de ses nœuds ;
Ce lâche et ténébreux reptile,
Attachant son orgueil servile
Au chêne de la liberté,
Surmonta ses rameaux sublimes,
Et du luxe affreux de ses crimes
Menaça leur fécondité.

Quel monstre avec plus d’artifice
Cacha ses obliques projets ?
Ô nuit, de ses fureurs complice,
Que tu révélas de forfaits !
Fille puissante des ténèbres,
La terreur à ses cris funèbres
Mêle les accens de l’airain ;
Et dictant ses décrets sinistres,
Elle déchaîne ses ministres
Contre le peuple souverain.

Réveillons-nous : de sa furie
Arrêtons le coupable essor ;
Entre un rebelle et la patrie
Pouvons-nous balancer encor ?
Parlez, favoris de Bellone,
Aux champs de Fleurus et d’Argone,
Pour lui lanciez-vous le trépas ?
Et vous, enfans de Polymnie,
Pour consacrer sa tyrannie,
Chantiez-vous l’hymne des combats ?