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D’un éphémère apothéose,
Redoutons l’éclat imposteur.
Du Temple où Voltaire repose,
Est-ce à nous d’avilir l’honneur ?
Dans son enceinte violés,
À peine de son mausolée
Marat eût chassé Mirabeau,
Que l’auteur immortel d’Émile,
Purifiant ce noble asile,
Vint l’arracher de son tombeau.

C’est au teins, juge incorruptible,
À nous ouvrir l’auguste seuil,
C’est lui dont la voix inflexible,
Doit interroger le cercueil.
Son tribunal juste et sévère,
Des vains, caprices du vulgaire,
Venge l’affront de Metellus,
Et bravant un éclat frivole,
De la roche du Capitole,
Il précipite Manlius.

C’est ce vieillard irréprochable,
Appui de la chaste Pallas,
Dont la justice infatigable.
Atteignit le tyran d’Arras.
C’est lui, qui vengeant le génie,
Des projets de la tyrannie
Affranchit l’empire des arts,
Et des yeux d’un fourbe homicide,
Arracha le masque perfide,
Qui le voilait à nos regards.