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ON NE VIT QU’UNE FOIS



Loin de moi, censeur morose,
Toujours prêt à découvrir
Le regret près du plaisir,
L’épine près de la rose…
J’aime mieux cette voix
Qui me dit : « Quoiqu’on en glose,
Aime, ris, chante et bois ;
Tu ne vivras qu’une fois. »

La morale en vain nous crie :
« Vivez de privation,
Mourez de consomption,
Vous aurez une autre vie. »
Je ne cède et je ne crois
Qu’à ce cri de la folie :
« Aime, ris, chante et bois ;
Tu ne vivras qu’une fois. »

Chaque hiver qui, de ses glaces,
Venant attrister nos yeux,
Ôte à l’amant quelques feux,
À la beauté quelques grâces,
Dit à l’homme : « Prévois
L’ennui qui suivra mes traces…
Aime, ris, chante et bois ;
Tu ne vivras qu’une fois. »