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LE CÉLIBATAIRE



Jeunes gens, qui, sans raisonner,
N’aspirez qu’à vous enchaîner,
Suivez votre amoureuse envie ;
Mais voulant jouir de la vie,
Moi, messieurs, j’ai toujours chanté :
« Pas de bonheur sans liberté. »
Ce que j’en dis n’est pas que je vous blâme ;
Car j’aime beaucoup que l’on prenne une femme,
Car j’aime que l’on prenne une femme.

Votre moitié sans doute aura
Grâces, vertus, et cœtera ;
Mais si vous découvrez qu’une autre
En a plus encor que la vôtre,
Certain regret va vous saisir…
Garçon, je puis toujours choisir…
Ce que j’en dis, etc.

Vous jurerez d’aimer toujours
Ces traits charmants, ces doux contours,
Mais leur fraîcheur, leur grâce extrêmes,
Pourront bien n’être plus les mêmes
À leur soixantième printemps :
Ma maîtresse a toujours seize ans.
Ce que j’en dis, etc.

Vos dames seront des moutons ;
Cependant donnez-vous les tons