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Riche en vertus, or et bijoux,
Mariez-vous.
Mais vous à qui femme charmante
N’apporte pour dot et pour rente
Que ses dettes et ses appas,
Ne vous mariez pas.

Vous qui, contraints par vos affaires,
D’être nuit et jour sédentaires,
Pouvez dépister les jaloux,
Mariez-vous.
Mais vous dont les fâcheux voyages,
De vos solitaires ménages
Jour et nuit éloignent les pas,
Ne vous mariez pas.

Vous de qui l’heureux ministère
N’exige point de secrétaire,
Au ton galantin, à l’œil doux,
Mariez-vous.
Mais vous de qui la place entraîne
Des commis, des clercs qui, sans gêne,
Viennent partager vos repas,
Ne vous mariez pas.

Vous que des arts l’amour anime,
Qui brûlez de leur feu sublime,
Pour propager ces nobles goûts,
Mariez-vous.
Mais vous dont l’esprit méthodique,
Plein de son calcul algébrique,
Ne rêve que règle et compas,
Ne vous mariez pas.