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LA NEIGE.



Vous, dont la muse hardie
Me bat tous les vingt du mois[1],
Aujourd’hui je vous défie,
Tremblez enfin à ma voix !
Mais que vois-je ! au mot de neige
Déjà vous frissonnez tous…
Ventrebleu ! levez le siége,
Ou je vais fondre sur vous.

Ma neige, en bloc arrondie,
Sur vous tous pleuvra si bien,
Que votre main engourdie
De six mois n’écrira rien.
Ce combat à coups de neige
Peut m’être encor familier,
Puisqu’ici, comme au collége,
Je ne suis qu’un écolier.

La neige à certain théâtre
Joue un rôle intéressant :
Arbres, toits, tout est d’albâtre…
Quel coup-d’œil éblouissant !
On y transit, on y gèle ;
Et pour comble de succès,
Tout finit par une grêle…
Une grêle de sifflets.

Mais vive cette fillette
Qui, fuyant fort à propos,
Dans une neige indiscrète
perdit un doses sabots[2] !
À son amoureux manège
Le public sourit longtemps,
Et tant que tomba la neige
On vit le ciel au beau temps.

Du sol brûlant d’Italie,
Des flots bouillonnants du Nil,
Les Français pour leur patrie
Ont affronté le péril.
Aux confins de la Norwége
Suivez ces mêmes guerriers ;
Sous leurs pas un champ de neige
Devient un champ de lauriers.

Ô toi, par qui la peinture
Voit son domaine agrandi,
Toi, Vanloo, de la nature
Et rival et favori,

  1. Jours fixés pour les dîners du Caveau Moderne.
  2. La Soirée et la Veillée villageoise, pièce de MM. Piis et Barré.