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flâneur, chien saltimbanque », apitoyé lui même sur le sort de ces bonnes bêtes dont le dévouement vit à nos pieds et, comme le héros d’un autre poète, « souffre et meurt sans parler. »

Baudelaire a donc emprunté bien des traits au monde animal, mais en dépit de quelques belles esquisses, ce n’est qu’un animalier de fantaisie.

On le voit bien si on le compare à Leconte de Lisle qui, lui, a composé, avec des scrupules de naturaliste, de véritables portraits d’animaux : aigle, condor, éléphant. Mais Baudelaire n’est pas moins éloigné de Hugo, et l’on ne trouve chez lui, comme nous l’avons vu, ni dithyrambes du ver, ni malédiction de la chouette, ni plaidoyer pour le crapaud.

Le plus souvent l’animal reste pour lui un élément plastique du poème et il marque sa place dans ses compositions comme le faisaient les Téniers, les Lucas de Leyde, les Albert Dürer, à titre décoratif ou, mieux encore, symbolique. Ainsi l’ont séduit : le serpent pour l’ondulement de sa ligne, le vampire pour sa maléfique vertu, le cygne et l’albatros pour la mélancolie de leur destinée, et tous les autres : hibou, araignée, vipère, ver, escargot, crapaud, loup, corbeau et panthère, comme les figu-