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Après s’être lavés au fond des mers profondes…
Sa chair spirituelle a le parfum des Anges…
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe…

— Lignes courbes :

Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,
Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large
Chargé de toile et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent…
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets…
Valse mélancolique et langoureux vertige…

— Lignes zigzagantes :

Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate…

Ce ne sont là que quelques-uns des effets propres à Baudelaire. Il faudrait y ajouter quelques autres effets, moins linéaux que colorés, moins plastiques que musicaux, et les uns comme les autres tout à fait personnels. Par exemple :

— Le tremblement des reflets :

Son fantôme dans l’air danse comme un flambeau…
Des cocotiers absents les fantômes épars…

— Le grignotement des secondes :

Trois mille six cents fois par heure, la seconde
Chuchote : Souviens-toi. Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois…

— Le chuchotement qui s’étouffe :

C’est l’heure où les douleurs des malades s’aigrissent.
La sombre nuit les prend à la gorge ; ils finissent
Leur destinée et vont vers le gouffre commun…

Et ainsi, d’exemples en exemples, on verrait se dégager toujours mieux l’originalité du