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Ceux-là ne s’abîment point dans les flots d’un déluge. Ils ne s’élèvent pas non plus jusqu’aux cimes de l’action de grâce, mais, un beau soir,

Ces héros, excédés de malaises badins.
Vont ridiculement se pendre au réverbère.

Sans doute, le thème en lui-même appartient au romantisme. Toutefois Mallarmé l’a pour ainsi dire « déromantisé ». Et ainsi les trois poèmes : Ténèbres, Bénédiction, le Guignon restent comme trois états successifs d’une même planche et chacun de ces états correspond à une étape de l’évolution poétique au xixe siècle. Mais ce qui importe ici, c’est seulement de marquer l’influence de Ténèbres sur la poésie baudelairienne et il faut citer encore des exemples.

Le prélude : « Taisez-vous, ô mon cœur », annonce le Goût du néant. Et voici le premier rayon du Coucher de soleil romantique :

L’étoile fuit, ils lui courent après
Et, le matin venu, la lueur poursuivie,
Quand ils la croient tenir, s’éteint dans un marais…

Enfin on sent très bien ce que certaines strophes ont pu révéler à Baudelaire des évocations mi-réelles, mi-fabuleuses qu’il portait en lui, et comment, mieux que nulles autres, elles ont pu en favoriser pour lui l’éclosion :