Page:Dérieux - Baudelaire, 1917.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 22 —

mières Poésies de Gautier une veine de poésie moins impeccable sans doute, mais plus directe, plus émue et, pour tout dire, beaucoup plus voisine de cette poésie, suggestive, que Baudelaire devait restaurer. Et c’est par là, à notre sens, que Gautier a laissé vraiment sur Baudelaire une empreinte, toute extérieure, toute d’apparence encore une fois, mais dont le lecteur minutieux ne peut cependant dénier la passagère réalité.

Ainsi l’opinion résumée par M. Ernest Raynaud dans les lignes que nous citions plus haut, à savoir la différence essentielle qu’on doit faire entre le talent de Gautier et le génie de Baudelaire, cette opinion reste une vérité d’ordre général et s’impose avec la force de l’évidence si l’on ne veut retenir de Gautier qu’Émaux et Camées, mais elle souffre quelques atténuations, au moins formelles, si l’on veut bien rouvrir les Premières Poésies du bon Théo, — et c’est ce que nous nous proposons ici.

Dans la première version de la Dédicace des Fleurs du Mal, Baudelaire disait expressément son désir de rendre hommage à « l’auteur d’Albertus, d’España et de la Comédie de la Mort ». Sur cette précieuse confidence, nous ouvrirons donc les Premières Poésies de Gautier et si