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Baudelaire, toute réelle qu’elle est, serait tout au plus un stoïcisme orgueilleux ou, à la rigueur, un jansénisme impénitent (ce qui, entre parenthèses, nous ramènerait encore à Pascal). Mais il ne faut pas oublier cette autre prière où, cette fois, il a vraiment fait acte d’humilité :

Hygiène. Conduite. Méthode. — Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie :

Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poe, comme intercesseurs ; les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la Justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts, — une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis et une pour ma mère ; — obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants quels qu’ils soient.

Résolutions vraiment touchantes que la vie ne devait pas lui permettre, hélas ! de réaliser.

De toutes façons l’œuvre de Baudelaire nous apparaît aujourd’hui comme l’œuvre d’un spiritualiste, blessé par les horreurs de la « ma-