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Et ce conseil ne résonne-t-il pas sur un écho connu ?… Tout le malheur de l’homme ne vient-il pas de ce qu’il ne peut se tenir tranquille dans une chambre ? Mais il faudrait compter sans le besoin qu’il a de se divertir ! Les conseils baudelairiens résonnent comme un écho direct des Pensées de Pascal.

L’âme qui palpite en lui, c’est bien l’âme moderne, pénétrée de christianisme jusqu’en ses fibres les plus intimes, jusqu’en ses ressorts les plus secrets. Le cœur a beau rester charnel et l’esprit sacrifier lui aussi à des divinités de chair, il n’y a rien là qui ne reflue aux sources mêmes du christianisme, car c’est être chrétien évidemment que de porter en soi la notion de la déchéance et du péché, de se tourner vers Dieu comme vers un consolateur, d’aspirer à sa ressemblance et de considérer les sacrements comme les moyens dont nous disposons pour y réussir. Or si l’on ouvre les Journaux intimes de Baudelaire, c’est ce qu’on trouve à chaque pas.

Abandonné à lui-même, l’amour humain n’est plus à ses yeux qu’un « épouvantable jeu où il faut que l’un des joueurs perde le gouvernement de soi-même ! » Et « celui qui s’attache au plaisir lui fait l’effet d’un homme roulant sur une pente et qui, voulant se raccrocher aux arbustes, les arracherait et les emporterait dans