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songer en lisant certaines invocations des Fleurs du mal et surtout certaines effusions de ce journal qu’en a publié après la mort de Baudelaire, sous son titre saisissant : Mon cœur mis à nu.

Les invocations d’abord…

Bénédiction dit la transfiguration de l’homme par la souffrance, sorte de prédestination divine.

Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés…


Et les Phares recueillent le sanglot de la terre pour le renvoyer vers le ciel en fumée d’encens :

Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de votre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité.


Partout dans les Fleurs du mal percent l’oppression du mystère et l’angoisse de la destinée. Tout n’est-il pas interrogation muette, le ciel sur notre tête et la mer à nos pieds, l’espace qui bée autour de nous et le temps, ce rongeur insatiable de notre vie ? (Voyez en particulier : Le gouffre, L’horloge, Le voyage.) Mais, à l’homme ainsi traqué de toutes parts, quel conseil va donner le poète :

conseil va donner…Si tu peux rester, reste ;
Pars s’il le faut. L’un court et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le temps…