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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.


raient indignes. Elle vous fournit un moyen légitime de dépouiller des exemptions quiconque vous jugerez à propos. Greffier, lisez la loi que je substitue à celle de Leptine.

On relit la loi de Démosthène.

Vous l’entendez, Athéniens, et vous le comprenez : cette loi, sans dépouiller de vos bienfaits ceux qui les méritent, vous permet de les ôter à ceux qui les auraient obtenus sans les mériter ; et pour l’avenir, elle vous laisse les maîtres, comme il est juste, d’accorder ou de refuser ce que vous jugerez convenable.

Leptine ne pourra dire, je pense, que cette loi n’est pas juste et sage, et quand il le dirait, il ne pourra le prouver ; mais il répétera un propos qu’il tenait devant les thesmothètes, et par lequel il tâchera de vous séduire. Il disait donc que c’était par feinte que nous proposions notre loi, et que, si la sienne était rejetée, nous ne ferions point passer la nôtre. Je ne dirai pas que, si la loi est rejetée, celle que nous proposons est dès lors admise, d’après la disposition expresse d’une ancienne loi, en vertu de laquelle les thesmothètes nous ont permis de présenter la nôtre. J’omets cette raison, qui pourrait être contredite, et voici ce que je réponds à Leptine. En parlant comme il fait, il avoue que notre loi est meilleure, à tous égards, que la sienne, et il craint seulement que