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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.


comme Thase et Byzance qui étaient alors nos ennemies et amies de Lacédémone ; si les chefs de ces places s’engageaient à vous les livrer, à condition que vous leur accorderiez les mêmes faveurs dont vous avez gratifié Ecphante le Thasien, et Archébius le Byzantin, et que les défenseurs de la loi s’y opposassent, sous prétexte qu’il est injuste que quelques étrangers établis à Athènes soient seuls exempts des charges ; dans quelle disposition les écouteriez-vous ? Assurément vous leur fermeriez la bouche comme à des brouillons, ennemis de vos intérêts. Mais ne serait-ce pas une honte que vous qui, dans l’attente d’un service, regarderiez comme des brouillons, ennemis de vos intérêts, ceux qui s’opposeraient à ce qu’on récompensât l’auteur de ce service, vous fussiez portés aujourd’hui à écouter ceux qui veulent qu’on prive de leurs récompenses des hommes à qui vous avez d’anciennes obligations ! Examinons, en outre, pour quel motif ceux qui ont livré à Philippe, Pydna, Potidée, et les autres places, ont cherché à nous nuire : il est clair qu’ils ne l’ont fait qu’en vue des grandes faveurs qu’ils espéraient du monarque. Mais ne vaudrait-il pas mieux, Leptine, persuader à nos ennemis, si vous le pouviez, de n’accorder aucune faveur à ceux qui nous nuisent pour les servir, que de porter une loi qui enlève à ceux qui nous ont bien servis, les grâces que nous leur avons don-