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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.


quelques-uns ont vu leur zèle, pour nos intérêts, payé de l’exil ? Les premiers qui se présentent à mon esprit, sont les exilés de Corinthe, et je me trouve obligé de rapporter des faits que j’ai appris de nos anciens. Voici, entre plusieurs autres, une occasion dans laquelle les hommes dont je parle, nous ont servis utilement. Lors du grand combat contre les Lacédémoniens auprès de Corinthe [14], les habitans de cette ville délibéraient, après la bataille, d’exclure nos guerriers de leurs murs, et de traiter de la paix avec les ennemis ; mais nos amis fidèles, qui voyaient les Athéniens malheureux et les Lacédémoniens maîtres des passages, ne nous abandonnèrent pas dans cette circonstance critique. Sans consulter leur sûreté particulière, quoique tous les Péloponésiens, en armes, fussent près de Corinthe, ils nous en ouvrirent les portes, malgré le peuple, et ils aimèrent mieux s’exposer à tout souffrir avec vos soldats, que de se tirer du péril en vous y laissant. Ils introduisirent vos troupes dans leurs murs, et vous sauvèrent ainsi, vous et vos alliés. Lorsque le roi de Perse eut conclu avec les Lacédémoniens la paix d’Antalcide [15], ceux-ci, pour les punir des services qu’ils vous avaient rendus, les chassèrent de leur patrie. Vous les reçûtes dans votre ville, et, agissant par des principes d’honneur, vous ordonnâtes qu’on pourvoirait à tous leurs besoins. Et vous délibérez maintenant si on leur laissera ce qui leur a été