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PLAIDOYER CONTRE CONON.


vous-même attester. Il y a sur leur compte des faits encore plus graves ; mais il ne m’aurait pas été possible d’aller à la recherche de toutes les personnes qui ont été l’objet de leurs insultes.

Il est bon de vous prévenir d’un moyen dont j’apprends que Conon doit faire usage ; ce sera une des plus fortes preuves de son impudence. Il vous présentera, dit -on, ses enfans ; et jurant sur leur tête, il fera les imprécations les plus horribles ; des imprécations telles que celui qui me les a annoncées, en était surpris lui-même. Ces excès d’audace n’en imposent que trop souvent. Les hommes les plus honnêtes, ceux qui ont le plus de droiture, sont les plus faciles à s’y laisser prendre : mais doit-on en croire les particuliers qui y ont recours, quand on connaît leur vie et leur naturel ?

Je vais vous prouver, par des faits, combien l’accusé est peu scrupuleux sur ces articles ; car il a fallu absolument m’en instruire. J’ai appris qu’un certain Bacehius, que vous avez condamné à mort Aristocrate, à qui vous avez fait crever les yeux [8] ; d’autres gens pareils , et Conon , formaient , pendant leur jeunesse, une coterie sous le nom de Triballes [9] ; qu’ils mangeaient les restes des sacrifices d’Hécate ; qu’ils ramassaient, pour en faire entre eux des festins, les morceaux de porcs avec lesquels les prytanes purifient le peuple, lorsqu’il est au moment de s’assembler ; qu’ils juraient et se parjuraient avec la plus grande licence. Est-ce