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PLAIDOYER CONTRE CONON.


qui sont blessés ne se portent à tuer leur adversaire. On permet, à ce qu’il me semble, de poursuivre en justice les injures, qui sont le premier pas, pour prévenir le meurtre, qui est le dernier excès ; pour empêcher que les particuliers ne passent insensiblement des injures aux coups, des coups aux blessures, des blessures au meurtre ; et afin que les peines de chaque délit, réglées par la loi, ne soient abandonnées ni à la passion, ni au caprice. Telle est donc la sagesse de nos lois. Et si après cela Conon ^ient vous dire, α Nous sommes des compagnons de débauche, livrés au vin » et à l’amour, nous frappons, nous étranglons qui Λ bon nous semble » : vous rirez et vous le renverrez absous l je ne le pense pas. Nul de vous n’aurait ri, s’il eût été présent lorsque j’étais traîné, dépouillé, outragé ; lorsqu’étant sorti de ma maison plein de vigueur, j’y étais rapporté étendu et sans force ; lorsque ma mère effrayée s’élançait vers moi ; lorsqu’elle et toutes ses*femmes poussaient des cris lamentables, comme si l’on m’eût rapporté mort, en sorte que plusieurs voisins nous envoyèrent demander ce qui était arrivé. En général. Athéniens, je crois que vous ne devez permettre à personne d’insulter autrui, ni d’alléguer des excuses quand il l’a fait. Maïs, enfin, si l’on pouvait recevoir les excuses d’un coupable, ce serait d’un jeune homme emporté par la vivacité de l’âge, pour lequel, sans qu’on