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PLAIDOYER CONTRE CONON.
On lit les dépositions.

Je pense , Athéniens , vous avoir prouvé clairement qu’après avoir été atteint de coups dangereux , et m’êlre vu réduit à l’extrémité par les outrages et la violence de mes adversaires , je ne les poursuis point par la voie que je pourrais employer. Quelques-uns de vous, sans doute, seraient surpris que Conon osât nier ces faits : je vais vous prévenir sur ce que j’apprends qu’il doit alléguer pour sa défense. Il cherchera à tourner la chose en plaisanterie et en risée ; il dira qu’il y a dans la ville des fils de fort honnêtes citoyens qui s’amusent comme des jeunes gens , qui, par jeu, se donnent les surnoms de Silène, de Priape [5] , et d’autres semblables ; que quelques-uns d’eux ont des maîtresses ; que son fils est de ce nombre ; que souvent, pour des femmes, il a donné et reçu des coups ; que tout cela est fort ordinaire à la jeunesse. Il me représentera moi et mes frères, comme des insolens et des débauchés, mais d’un caractère dur et farouche.

Pour moi , malgré tous les mauvais traitemens que j’ai essuyés, je serais plus indigné, je le puis dire , je me croirais plus outragé , si vous pensiez que Conon dira vrai sur mon compte , et si voua jugiez de chacun par ce qu’il dit de lui-même , ou par ce qu’un autre dit de lui ,’sans que la pureté des mœurs et la régularité de la vie ne nous ser-*