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PLAIDOYER CONTRE CONON.


je vivais, et tous de concert nous lui portâmes nos plaintes. Quoique le général leur fît les plus vifs reproches, non-seulement sur l’indécence de leurs procédés à mon égard, mais encore sur leur conduite dans l’armée ; loin de rougir de leurs excès précédens et de se contenir, le soir même, dès que la nuit fut venue, ils recommencèrent de nouveau, me maltraitèrent de paroles, et finirent par me frapper. Ils poussaient de tels cris, ils faisaient un si grand bruit auprès de ma tente, que le général, quelques-uns des officiers et des soldats accoururent, les empêchèrent d’aller plus loin, et moi-même de me porter à des voies de fait auxquelles m’auraient poussé leurs violences. Les choses en étant venues là, de retour ici, nous étions fort mal ensemble, et animés, comme cela devait être, les uns contre les autres. Bien éloigné cependant de leur intenter procès, et de songer à ce qui s’était passé, j’avais pris seulement le parti d’être sur mes gardes, et d’éviter de me rencontrer avec de pareils hommes.

Je vais prouver d’abord, par des dépositions, les faits que j’ai avancés ; après quoi je rapporterai les traitements indignes que j’ai essuyés de la part, de Conon : on verra qu’au lieu de se repentir de ses premières fautes, il s’est porté de lui-même à des excès beaucoup plus révoltans.



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