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Κατὰ Μειδίου λογοσ.

HARANGUE CONTRE MIDIAS. 20 J

ul deTous, je crois, ne se rappelle que par le passé un citoyen, tout ennemi qu’il fût d’un autre, et pour quelque raison qu’il le fût, ait intrigué dans l’élection des juges, qu’il ait été présent lorsqu’on les choisissait, qu’il ait reçu presque leur serment, en un mot, qu’il ait manifesté sa haine par des procédés tels que ceux de Midias. Qu’un chorége, par émulation , se portât à de pareilles manœuvres , cela serait excusable en quelque sorte : mais poursuivre quelqu’un par inimitié, le poursuivre par-tout avec acharnement, affecter une violence et un pouvoir supérieurs aux lois ; c’est-là sans doute, oui, c’est une conduite odieuse, contraire à toute justice, contraire à vos intérêts. Car enfin, si chaque chorége, instruit par mon exemple, peut se dire à lui-même : que j’aie pour ennemi un Midias , ou quelque autre aussi riche et aussi audacieux, je serai frustré de la victoire, quoique je l’emporte sur mes rivaux ; j’aurai de plus tous les désagrémens imaginables , je ne cesserai d’essuyer des outrages ; qui de nous serait assez extravagant pour vouloir dépenser une obole ? aucun, sans doute. Mais la raison, à ce qu’il me semble, pour laquelle tous les choréges font des dépenses à l’envi et avec la plus grande ardeur, c’est qu’ils comptent sur les droits de l’égalité qui règne entre citoyens dans un état démocratique. Je n’ai pu jouir de ces droits , grâces à Midias ; et , sans parler des insultes qui m ont été faites , j’ai été frustré de la victoire.