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SOMMAIRE.


année de Dëmosthène, et dans la quatrième de la CVIIe olympiade, sous l'archonte Callimaque. Je dis composé, et non prononcé ; car Eschine dit positivement, dans sa harangue sur la couronne, que Démosthène s’était arrangé avec Midias. Or, si la cause eût été réellement plaidée, il n’eût pu contredire un fait aussi public.

Pour éclaircir plusieurs endroits du discours, il est à propos de donner quelques idées préliminaires sur les chœurs. On distinguait à Athènes deux sortes de chœurs : des chœurs de tragédie et de comédie, et des chœurs isolés. Dans l’origine, tous les chœurs étaient isolés. Ce n’était d’abord qu’une troupe d’hommes ou de femmes, de jeunes gens ou de jeunes filles, qui chantaient ou qui dansaient, ou qui faisaient l’un et l’autre en même temps, pour célébrer les fêtes, ou implorer la protection de quelque divinité, et surtout de Bacchus. Dans la suite, on introduisit un acteur qui prenait la parole, et qui donnait au chœur le tems de reprendre haleine. On joignit bientôt un second acteur, puis un troisième, qui liaient conversation entre eux. Cette nouveauté eut tant de succès, que le chœur qui, dans les commencemens, avait été le principal, devint l’accessoire : il fut renvoyé aux intermèdes, ou ne parut dans la pièce que comme simple acteur qui prenait part à l’action, et qui donnait des conseils aux principaux personnages. On conserva, cependant, les chœurs isolés, c’est-à-dire, des troupes de musiciens et de danseurs, qui dansaient simplement, ou qui chantaient, en dansant, des hymnes en l’honneur de Bacchus. Chaque tribu avait ses chœurs, qui disputaient à l'envi le prix de la musique et de la danse. Le prix était un vase à trois pieds destiné au vainqueur. La fête demandait de grands frais ; et, pour les soutenir, on prenait le plus riche citoyen de chaque tribu, s’il ne s’offrait de lui-même ; et, dans les deux cas, on l’appelait chorége.