dieux ; mais attendons-nous à tous les événemens.
Les Lacédémoniens ne s’attendaient pas à se voir
dans l’état où ils sont réduits [41]. Les Syracusains,
qui d’abord étaient libres, qui levaient des tributs
sur les Carthaginois, qui dominaient sur tous
leurs voisins, qui nous avaient vaincus sur mer,
ne s’attendaient probablement pas à être dominés
par un seul homme, qui dans l’origine n’était, à
ce qu’on dit, qu’un greffier subalterne. Le Denys
qui vit encore, se fût-il jamais attendu à ce que
Dion, avec quelques soldats et une simple nacelle,
le chassât du trône, lui qui avait tant de vaisseaux,
de places, et de troupes étrangères ? Mais, sans
doute, l’avenir est inconnu à tous les hommes,
et les plus petites causes opèrent souvent les plus
grandes révolutions. Il faut donc se modérer dans
la prospérité, et prévoir ce qui peut arriver de
fâcheux.
Je pourrais encore fournir bien des raisons de nature à vous convaincre que la loi de Leptine est aussi vicieuse qu’elle serait préjudiciable ; pour vous décider en peu de mots, et terminer enfin ce discours, examinez et comparez ce qui arrivera, si vous rejetez la loi ou si vous la recevez. N’oubliez pas ce qui aura résulté de cet examen et de cette comparaison, afin de prendre le meilleur parti. Si donc vous rejetez la loi, comme je vous le conseille, vous laisserez leur privilège à ceux qui en sont dignes ; quiconque en est indigne, en