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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.


penses qu’elles promettent à la vertu, qu’est-ce qui empêchera qu’Athènes ne soit très-florissante, que tous les citoyens ne soient vertueux, et qu’il n’y ait plus de méchans ?

La loi de Leptine, ô Athéniens, vous fait tort, non-seulement parce qu’en abolissant le prix des services rendus à l’état, elle prive de tout avantage le zèle patriotique, mais encore parce qu’elle vous fait passer pour des hommes injustes et cruels. Vous savez, sans doute, que ceux mêmes qui se sont rendus coupables envers vous des plus grands crimes, n’encourent qu’une seule peine, en vertu de la loi qui dit, expressément, qu’on ne pourra infliger plus d’une peine dans un tribunal, et qui, permettant aux juges de choisir entre la peine pécuniaire et la peine afflictive, leur défend d’infliger l’une et l’autre. Leptine ne s’est pas renfermé dans de telles bornes : Celui, dit-il, qui demandera la récompense de ses services, sera diffamé et ses biens confisqués. Voilà deux peines. On pourra, ajoute-t-il, le dénoncer et le conduire en prison ; et, s’il est convaincu, il encourra la peine établie contre ceux qui exercent une magistrature, quoi-que débiteurs du trésor, c’est-à-dire, la mort ; car c’est la punition de ce délit. Voilà donc trois peines. Mais n’est-il pas triste, n’est-il pas affreux, qu’on soit puni chez vous avec plus de rigueur, pour demander la récompense de ses services que pour avoir commis les délits les plus graves ?